Quatre minutes et quarante et une secondes
à entendre ton cœur,
mon oreille posée contre ta poitrine,
mes mains autour de ta taille
encerclant ton corps de mes bras
et les tiennes posées sur mon dos,
tes deux paumes comme deux ailes
s’envolant quelquefois
pour caresser mes cheveux défaits.
Nos deux corps immobiles
au milieu du mouvement,
serrés l’un contre l’autre,
nos deux corps imbriqués et mes hoquets
qui en miroir
soulèvent ta poitrine à toi aussi,
mes sanglots que tu accueilles
et la rivière de mes larmes
qui inonde tes vêtements,
nos respirations qui s'accordent
et les nœuds qui se démêlent
lentement
souffle après souffle.
Les mots que tu ne dis pas ou que je n’entends pas
à part mon prénom, quelques fois, très doucement
Fantine
je n’entends que la musique qui nous transporte
nous sommes ici mais nous n’y sommes pas
nous sommes ailleurs.
Quatre minutes et quarante et une secondes
les yeux fermés
un temps hors du temps
une petite éternité
dont je mesure chaque seconde
la tendresse de chaque seconde
et puis soudain
la musique s’éteint
la lumière se rallume dans les yeux que l’on ouvre
nos deux corps se séparent
et voilà
c’est terminé.