Le pays de l'enfance

La première moitié de Janvier me lasse et ne me laisse pas, ni tout à fait libre ni tout à fait moi. Des démons qui apprennent à nager lorsque je tente de les noyer, et je reste en apnée, hébétée et un peu perdue. Des molécules qui n'en font qu'à leur tête et contre lesquels mon cœur lutte de toutes ses forces, "les médicaments du cerveau ne sont pas les médicaments du cœur", m'a-t-elle dit une nuit, quelle douce métaphore pour peindre une réalité bien sombre.
Des paysages à me couper le souffle certains matins où le sommeil n'a pas voulu de moi, après des heures passées les yeux ouverts à contempler le vide. Les nuits d'insomnie me terrifient, je dépose les armes face à un ennemi plus grand que moi. S'asseoir un matin en face d'une petite fille dans le métro et l'entendre chanter une comptine dans sa langue natale, l'anglais, tout en la regardant m'observer, de loin, comme un petit chat tapi dans l'herbe haute. Décider d'écrire, encore, toujours. Décider d'écrire sur sept secondes de deux vies qui ne se croiseront pas, pas cette fois, et d'envoyer cette nouvelle pour un concours une fois que je l'aurais (in)achevée. Coller des citations sur mes murs, des petits leitmotivs silencieux pour apaiser mon âme en peine, des étoiles dorées au-dessus de mon lit pour veiller sur mon sommeil agité. Sourire en lisant les mots si doux d'une jeune fille de Bruxelles, des mots de courage, des mots d'espoir et des mélodies de bonheur. Débuter un nouveau stage, retrouver des nouvelles petites têtes, des brunes, des blondes, des rousses, des bouclées, des rieuses et des boudeuses. Des bavardes et des silencieuses, et leurs sourires, immenses. Retour au pays de l'enfance et de l'insouciance, on me cuisine toute sorte de plats étranges et j'ai droit à une séance chez le coiffeur et à des câlins. Se trouver une petite place lorsque l'on ne sait pas où se mettre, un petit recoin qui nous accueille. Ecouter le réveil sonner aux aurores, les yeux grands ouverts depuis plusieurs heures déjà. Ecouter le silence frapper à ma porte, l’envoûter avec quelques mélodies douces. Et puis, y aller. Contre toute attente, se lever et faire face à la vie qui fait si mal. Encore une heure, encore un jour. 

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