Imaginons un Sispyhe heureux.

La photographie n'est pas de moi mais de Julie, l'une des deux soeurs d'Happy Sisyphe.
La photographie n'est pas de moi mais de Julie, l'une des deux soeurs d'Happy Sisyphe.

Il était encore tôt lorsque je suis rentrée, les pieds glacés, les lèvres bleuies et les poings serrés. Il était encore tôt et déjà la fatigue s'était abattue sur moi, pour dire vrai depuis le matin elle ne m'avait pas quittée. A m'en faire mal au corps. Ce fut une belle soirée, pourtant. Quelques heures d'évasion qui sont si rares. J'avais mis deux écharpes, des collants sous mon jean noir et une barrette dans mes cheveux. Le marché de Noël était féerique. Des jouets en bois, les senteurs chaudes et sucrées qui s'échappaient des stands de thé, des bijoux originaux et colorés, et ces abat-jours en forme d'étoiles que je vois chaque année et qui me font rêver. L'odeur du pain d'épices, la praline sous toutes ses formes, les "têtes de nègres", des bonbons de toutes les couleurs. Des berlingots et des sucettes, des roudoudous comme dans Mistral Gagnant. On est ensuite allée faire un petit tour à la boutique-salon de thé Happy Sisyphe qui fêtait ses deux ans aujourd'hui. Pour l'occasion, on a eu droit à une session acoustique de la chanteuse Dear Pola, et les mélodies étaient douces et sa voix cristalline. Et c'était beau, vraiment : ces ballons qui semblaient être accrochés au plafond comme par magie, les guirlandes lumineuses et la lumière tamisée, et cette musique. Un pur moment de délicatesse. Il était encore tôt lorsque je suis rentrée, les pieds glacés, les lèvres bleuies et les poings serrés. Il était encore tôt et déjà la fatigue s'était abattue sur moi, pour dire vrai depuis le matin elle ne m'avait pas quittée. A m'en faire mal au corps. Ce fut une belle soirée, pourtant. Vraiment belle, et comme la fatigue vient à bout de mon corps douloureux, le sommeil me chuchote de me laisser aller et m'oblige à m'arrêter ici pour ce soir. Mais lorsque l'on part, n'est-ce pas uniquement pour mieux revenir ?


 

"Sisyphe fut condamné par les dieux grecs à pousser éternellement un rocher jusqu’au sommet d’une montagne. N’atteignant jamais son but et ne pouvant y renoncer, il incarne l’absurdité de la vie. Pourtant pour l’optimiste Albert Camus, « il faut imaginer Sisyphe heureux ». Sisyphe est peut-être prisonnier d’une routine absurde, mais son rocher lui appartient. La tâche est peut-être dure, mais elle est aussi joyeuse. Il n’atteint peut-être jamais son but, mais le seul fait d’aspirer au sommet suffit à son bonheur et sa lucidité le libère.

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