L'oiseau

A l'arrêt de tramway, tout près de chez moi, gisait un pigeon mort. Je l'ai vu en allant faire mes courses. Le cadavre de l'oiseau sur le goudron froid. J'ai détourné le regard. Je me suis dit qu'il avait du ne pas voir la vitre de l'abri pour s'asseoir et foncer dedans en plein vol. Trop vite. Une fois de trop. Qui lui avait coûté la vie. Je me suis demandée si, à force de me prendre des vitres en pleine figure, je pourrais un jour rester sur le carreau moi aussi. Ventre à terre. Vidée du moindre souffle de vie et à la vue de tous les passants qui feraient mine de ne rien voir. Deux amoureux se tiendraient par la main en bavardant, une étudiante plongerait son regard au hasard sur une page du livre sorti de son sac, un jeune les yeux fermés terminerait sa nuit, une mère inquiète cacherait les yeux de ses enfants. Et moi, là, je serais allongée sur le bitume. Raide morte. A cause d'une vitre. D'une fois de trop.

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