le rendez-vous

Le train disparaît devant moi. Je reste les bras ballants, incapable du moindre mouvement.

J’ai raté ce train qui devait m’emmener vers vous.

Une heure d’attente. Je ronge mes ongles et j’ai les mains qui tremblent. Mon corps entier est glacé, même mon sang est en suspens.

J’ai raté le moment exact de notre rendez-vous. Onze heures trente au café de la gare.

Je suis bien à la gare, mais pas dans la bonne. Dans celle-ci, même pas une machine pour me servir un café fade et brûlant.

Aucun  moyen de vous prévenir de mon si long retard.

Allez-vous m’appelez ?

Je monte dans le train suivant.

Je prie silencieusement pour que vous m’ayez attendue.

Le train est bondé. Tous ces gens volent-ils aussi vers vous ?

J’ouvre mon agenda.

Nous sommes lundi. Le premier jour du mois des vacanciers.

La page est vierge.

Mon corps entier se relâche.

J’ai un jour moins une heure d’avance sur vous.

J’ai confondu.

Un jour, j’ai lu quelque part que Lacan aurait dit que les gens toujours en avance sont ceux qui ont le plus peur de ne pas être aimés.

Je l’ai lu, mais je ne sais plus où.

Ces mots m’ont marquée.

Vous comprenez, dîtes ?

Je ne suis pas guérie.

Et demain, je serai là.

 

A onze heures trente au café de la bonne gare.

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