jusqu'à l'infini et puis après

Alors que je le borde, remontant sa couette constellée d’étoiles jusqu’à son menton,
il demande, de sa voix frêle d’enfant de quatre ans :
Est-ce que tu peux rester un petit peu à côté de moi ?
Et après une respiration il ajoute, d’un seul tenant,
Mais un peu longtemps quand même, tu comptes jusqu’à l’infini et puis après c’est bon, d’accord ?
Ses yeux plantés dans les miens attendent une réponse, il espère sans doute des mots qui vont le rassurer, parce que je la sens, sa peur, on pourrait presque en dessiner les contours à la lueur de la veilleuse.
Je suis là, et je reste à côté de toi jusqu’à ce que tu t’endormes.
Je lui souris.
Est-ce que ça te va ?
Il hoche la tête en m'offrant un sourire, son petit corps se relâche, je crois que j'ai réussi, il semble apaisé maintenant. Il ferme ses paupières et accepte de s'abandonner, la peur s'est éloignée. Je trouve une petite place où m’asseoir entre les peluches qui peuplent son lit et j’écoute sa respiration, lente et régulière. Je calque la mienne sur la sienne et j'entends les battements de mon cœur qui semblent résonner dans mon corps, dans la chambre, dans la maison et plus loin encore. Il suffit de trois minuscules minutes avant que le sommeil ne l’emporte, et que précautionneusement je m’éclipse, sur la pointe des pieds, continuant à veiller sur sa nuit du bas des escaliers.