A pas de chat

La nuit est son territoire. Dès que le soleil décline pour laisser place à l'obscurité, elle sort du petit trou où elle était blottie et s'éveille, s'étire, laisse échapper un petit bruit attendrissant et traverse l'appartement, à pas de chat, sans faire de bruit. Sa première escale est en général la cuisine, où elle boit à petites lapées et grignote ce que j'ai laissé pour elle avant d'aller me coucher. Son rythme semble inversé et, telle une chauve-souris, elle ne vit que la nuit, elle tient compagnie aux étoiles qui brillent pour nous deux. Elle est si légère que j'entends à peine le parquet craquer sous ses pas, je sens quand elle se rapproche pourtant, je devine ses déplacements en guettant son ombre, j'écoute mon intuition et elle me trahit rarement. Lorsqu'elle vient voir si je dors, délicatement, je sens son souffle chaud sur mon visage et alors, je sais qu'elle est là.

Le jour et la lumière l'effraie et pourtant, parfois, elle se plaît à se poster devant la fenêtre pour s'imprégner de la vie des gens, on dirait qu'elle guette sans savoir ce qu'elle attend. Elle peut y rester des heures, ses immenses yeux verts écarquillés tels deux billes rondes et lisses. Elle ne fait rien d'autre que cela, regarder, imaginer, vivre par procuration. Lorsque la fenêtre est ouverte, elle s'assied derrière le volet fermé et respire l'air qui entre par minces filets au travers du store. Si le moindre bruit de l'extérieur l'effraie, elle court vers sa cachette pour ne plus entendre et pour faire taire la peur.

 

La nuit est son territoire. Je lui laisse et quand je n'y parviens pas, quand Morphée m'oublie, on se tient compagnie, elle et moi, dans la lumière tamisée de l'appartement.  

 

Pendant mes nuits pleines, lorsque le mouvement lui a suffi, elle vient me rejoindre par-dessus la couverture et se blottit dans le creux de mon ventre. Je pose ma main sur cette petite boule de poils et me rendors, bercée par ses ronronnements réguliers et rassurants. 


Ma petite Gribouille
Ma petite Gribouille

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